Août-septembre 2016:
Bonjour à tous,
Voici les nouvelles concernant les mois d’août et de septembre.
Au mois d’août, nous avons de nouveau reçu la visite d’étudiants et de bénévoles. Nous avons accueilli Teresa, qui est la première infirmière à avoir travaillé pour la clinique mobile. Elle est pour nous un exemple et nous avons apprécié ses enseignements. Nous avons partagé de nombreux moments ensemble : accouchements, réunions d’éducation sanitaire, des urgences, notamment cette semaine suite à la naissance de la petite Malaika, qui devait rester sous surveillance, et pour qui nous nous sommes relayés jours et nuits.
Martin, Sarah, ana et kotomé avec malaika après 3 semaines de soins dans les "soins intensifs".
Pour les réunions pour la prévention et l’éducation sanitaire, la présence des étudiants a été fructueuse. Nous avons fait à Naipekar plusieurs conférences sur la tuberculose, le VIH (avec les hommes et les femmes séparément). Beaucoup de participants ont manifesté leur intérêt pour tester et apprendre les moyens de prévention. Des conférences ont aussi été faites dans d’autres villages, sur la relation entre l’hygiène et la diarrhée, comment la prévenir et la traiter, sur la brucellose, le paludisme, le trachome… Rosendo, étudiant en pharmacie, a fait un travail important pour nous aider à organiser la pharmacie.
Réunion de prévention sur la tuberculose Napeikar, présentée par Rose, Teresa et Ana
Une autre réunion présentée par Rafa, Nacho et Joséphine sur la diarrhée et comment la prévenir, à Nalemsekon
Nous avons réalisé des cliniques mobiles dans les villages de Kangkala, Lomanakeju, Ekopé, Nalemsekom, Maisa, Sasame, Lokomarenyang et Kibish. Nous avons vu des cas très intéressants, qui ont beaucoup touché certains étudiants.
Voici les mots de Rosa, une étudiante en 2ème année de médecine : « Le travail de la clinique mobile est très intense. Il est très difficile de prendre en charge tant de gens en mauvaise santé. Ana et Martin font face à de lourdes responsabilités chaque mois. Il faut beaucoup de dévouement et de cœur pour le faire. J’ai beaucoup appris au cours de ce mois sur la culture Turkana, mais aussi sur la chance que nous avons en Espagne, et dans les autres pays développés, d’avoir un tel accès à la santé et aux progrès de la médecine. »
En ce qui concerne les situations d'urgence, août a été très chargé. Nous avons eu beaucoup de cas de paludisme, avec plus de 220 patients, dont un homme dans un état grave qui a eu besoin d’une hospitalisation et d'un traitement par voie intraveineuse pendant plusieurs jours. Nous avons aussi du prendre en charge une femme souffrant d'asthme sévère, une femme séropositive dans un état de malnutrition sévère, un homme avec kyste hydatique dans l'abdomen, et un homme atteint d’une hépatite sévère, que nous avons muté en urgence à Lodwar, mais qui est malheureusement décédé quelques jours après.
Heureusement, les bonnes nouvelles sont plus nombreuses que les mauvaises, et la grande majorité des patients gravement malades vont mieux aujourd’hui.
Nous avons pris en charge une jeune femme de 14 ans pour un accouchement difficile, en raison d’un bassin trop étroit. La petite fille est née à 4 heures du matin, presque morte, après plus de 12 heures de travail. Heureusement, après une demi-heure de réanimation, nous avons réussi à la stabiliser, et avons pu nous occuper de la mère, qui avait une rétention placentaire. Nous avons appris quelques jours plus tard qu’elles étaient toutes les 2 rentrées saines et sauves à Naipekar.
Nous avons aussi reçu un petit de 3 ans souffrant d’une miliaire tuberculeuse (atteinte pulmonaire disséminée de la tuberculose), amené par sa famille dans un état critique. Nous avons réussi à le stabiliser, pour le transférer à Lodwar avec sa mère et sa sœur (elle-même atteinte de tuberculose). Nous avons appris récemment qu’ils avaient pu rentrer chez eux, qu’ils suivaient toujours leur traitement, et espérons que le petit pourra s’en remettre sans séquelles.
Enfant transféré à Lodwar pour une miliaire tuberculeuse
Fin août, un nouveau meurtre de sang-froid a eu lieu à la frontière de l’Ethiopie. Ce regain d’insécurité a obligé les missionnaires à arrêter certaines activités, notamment la clinique mobile. Nous avons malgré tout eu à faire à de nombreuses situations d’urgence. Nous avons aussi assister à la naissance de de Esipitar, Ana et Martin, les bébés les plus gros (jusque 3,5 kg).
Nous avons aussi donné 2 conférences aux stagiaires du programme « Furrows in the desert », sur les premiers gestes de secourisme, et sur l’alimentation et la santé. Il est important qu’ils aient quelques connaissances de santé de base pour gérer les pathologies les plus courantes dans le désert (déshydratation, coupures, plaies…), car ils vivent dans des villages reculés, sans accès aux services de santé.
Nous avons eu moins de cas de paludisme ce dernier mois, mais nous avons eu 2 cas particulièrement sévères qui ont nécessité une surveillance rapprochée pendant plusieurs jours.
Nous avons aussi traité Patrick, un homme qui avait une plaie profonde du bras, avec atteinte tendineuse et vasculaire. Heureusement nous avons réussi à arrêter le saignement, et pu suturer les plans profonds pour qu’il puisse remobiliser son membre.
Le cas qui nous a le plus marqué a été l’agression qu’a subi Tongol, à Naipekar. Sous l’emprise de l’alcool, son agresseur l’a frappé avec une machette à la tête, le blessant d’une profonde blessure dans le crane, jusqu’aux méninges. Bien que non habitués à de telles situations d’urgence, nous avons réussi à stabiliser son état ; Nous avons pu panser sa blessure, et l’avons transféré à Lodwar où il a pu être pris en charge. Trois semaines plus tard, il est rentré à Napeikar avec pour séquelles quelques difficultés de langage, mais en très bon état général. Nous espérons que ces séquelles vont progressivement s’améliorer, et préparons des séances d’éducation sur les risques liés à la consommation d’alcool, en impliquant les personnes qui ont subi ces violences.
Martin avec tongol qui, après avoir subi une agression à la machette, a pu finalement rentré à Napeikar
Toutes les histoires que nous vous avons décrites sont des miracles auxquels on ne croirait pas sans les avoir vu de nos yeux. Nous retenons surtout beaucoup de gratitude. On ne peut pas décrire la joie d’une femme et de ses enfants lorsqu’ils peuvent de nouveau s’asseoir avec leur mari ou père qu’ils pensaient mort, après des semaines sans nouvelles de son état. Il n’y a pas de mot pour raconter les gestes d’un père qui retrouve son enfant alors qu’il pensait l’avoir vu fermer les yeux pour la dernière fois. Parfois, un regard ou un sourire valent mille mots, en particulier pour ceux qui n’ont plus rien à donner, et pour nous, c’est un gout de paradis.
Après une année de dévouement à la clinique mobile, à soigner les Turkana, notre collègue Ana est repartie pour Barcelone pour continuer ses études. Mais nous savons qu’elle sera bientôt d retour, car sans elle la clinique mobile n’est pas la même. Merci et à bientôt Ana !
En septembre, nous avons été rejoint par Mimi, une infirmière catalane qui était déjà avec nous en avril et qui a de l’expérience dans le travail avec les Turkana. Nous savons que nous apprécierons sa présence ces prochains mois, et que sa motivation sera un plus pour la clinique mobile, bienvenue
L'équipe de la clinique mobile dans un saut d'adieu à ana et pour souhaiter la bienvenue à mimi.
De gauche à droite : Joséphine, Steven, Martin, Andrew, ana, mimi et Napoléon.
Nous espérons continuer à vous faire parvenir de bonnes nouvelles, avec le même optimisme, et continuer à profiter des moments ici. Un câlin à tous, jusqu’aux prochaines nouvelles dans 2 mois
Mimi, Ana, Andrew et Martin
Ejokonoï est une association à but non lucratif, régie par la loi du 1er juillet 1901. Parution au JO du 15 juin 2013.
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